Non, ce n'est pas sexy une femme qui aime les femmes
Conversation
tout ce qu’il y a de plus innocente avec un ami. Précisons homme, précisons
équipé d’un pénis, précisons que je n’ai jamais eu d’interaction avec ledit
pénis. Précisons également
qu’il me semble très clair que telle n’est pas mon intention, et d’ailleurs je
n’ai jamais imaginé que ce soit la sienne non plus. Conversation donc, avec une
personne que je connais bien et avec qui je me sens en confiance.
Conversation alcoolisée ou sobre. À une terrasse de
café, au fond d’un bar ou dans la rue. Conversation où, comme je le fais avec mes amant.e.s, mes ex ou mes
amies (précisons femmes ou non-binaires pour les amies, précisons qu’on s’en
fiche de ce qu’iels ont entre les jambes), je raconte ma vie, intime entre
autres. Pas que. Sans fausse pudeur, sans exhibitionnisme. Comme je la vis. Je
pense être en bonne compagnie, pouvoir me confier sans me confronter au
jugement d’autrui au sujet de mes expériences non exclusives, non hétéro, pas
forcément qu’à deux. Pas forcément sexuelles d’ailleurs.
Innocente, la conversation, précisons encore, car il s’agit pour moi de
partager quelque chose que j’ai vécu, parce que c’était bien, voire incroyable,
parce que j’ai fait des découvertes dont j’ai envie, besoin de parler, ou au
contraire parce que quelque chose ne s’est pas bien passé et que j’ai besoin de
réconfort. Parce que je parle de tout. Parce que ça fait partie de la vie.
Ou alors ce sont des gens dont je ne suis pas forcément proche, des
personnes du quotidien, qui, un peu au détour d’une phrase ou en m’entendant
parler avec d’autres — je n’ai certes pas cherché à me cacher — comprennent à
quoi ressemble ma sexualité.
Et là…
Et là, non pas scandale mais… Regards en coin. Intéressés.
“Ah bon, tu aimes les filles... smirk smirk, plan à trois implied”
“À force de t’entendre raconter tes partouzes, ça donne envie tu sais”
“C’est quand mon tour ?”
Sous couvert d’humour, ou parfois même pas.
Alors, laissez-moi vous dire :
Messieurs, c’était sympa d’être ami.e.s, mais là ce n’est pas une
réaction d’ami que vous avez, mais une réaction de nullos libidineux, et
maintenant vous me dégoutez légèrement. Non, ce n’est pas sexy une femme qui
aime les femmes. Non, ce n’est pas sexy une femme à la cuisse légère et qui
aime le sexe sous diverses formes. Non, elle ne le fait pas pour vous, ni pour
vous exciter. Non, non, non. Que nenni. Maintenant, vous allez commencer à vous
regarder en face : ça vous fait quoi de vous dire (de vous croire ?)
féministe et de regarder vos amies en attendant le moment où elles voudront
bien coucher avec vous ? Non, ce n’est pas parce qu’elles font l’amour
avec “tout le monde” qu’elles vous doivent quoi que ce soit.
Mais ce n’est pas parce qu’elles se sentent libres qu’elles ne
ressentent pas pour autant une pression de votre part, alors arrêtez d’être des
trous du cul.
Par contre, c’est très sexy deux hommes qui s’embrassent, vous savez wink
wink…
M.
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